« Suppose que tu rencontres un fou qui affirme qu’il est un poisson et que nous sommes tous des poissons. Vas-tu te disputer avec lui ? Vas-tu te déshabiller devant lui pour lui montrer que tu n’as pas de nageoires ? Vas-tu lui dire en face ce que tu penses ? » Son frère se taisait, et Edouard poursuivit : « Si tu ne lui disais que la vérité, que ce que tu penses vraiment de lui, ça voudrait dire que tu consens à avoir une discussion sérieuse avec un fou et que tu es toi-même fou. C’est exactement la même chose avec le monde qui nous entoure. Si tu t’obstinais à lui dire la vérité en face, ça voudrait dire que tu le prends au sérieux. Et prendre au sérieux quelque chose d’aussi peu sérieux, c’est perdre soi-même tout son sérieux. Moi, je dois mentir pour ne pas prendre au sérieux des fous et ne pas devenir moi-même fou. »
Je l’avais lu il y a bien longtemps (en 1985 ou 1986) à l’époque où le mur existait encore ainsi que les autres livres de Milan KUNDERA et je viens de le relire et je m’aperçois que j’étais passé un peu à côté de l’acuité de la traversée des faux-semblants qui est au centre (c’est mon avis) de toute son oeuvre. Il m’a davantage impressionné que ne l’avait fait à l’époque La plaisanterie qui a été à l’origine de deux voyages que j’ai fait dans la Tchécoslovaquie d’alors et qui m’ont presque mené à épouser une jeune Morave qui s’appelait Marta VASIKOVA …
J’ai écrit un long commentaire sur les deux romans de Kundera que j’ai jusqu’ici lus (Risibles amours, La valse aux adieux) pour exprimer combien j’ai été fasciné. Mais je l’ai supprimé après, mon style me parait si nul pour parler de ce grand et profond monsieur. Je me contente de vous remercier pour ce site que j’ai beaucoup apprécié. Bon courage
Bonjour, La vérité c’est que j’ai lu juste la première nouvelle de ce roman, personne ne va rire et c’était vraiment trés géniale, j’ai trop aimé, j’ai aimé le style, l’histoire, la façon de Kundera d’écrire .. et j’aime avoir tout le roman, je le cherche.
Passionnant et déroutant comme la vie en somme …
Cette suite de nouvelles s’inscrit à merveille dans l’oeuvre de Kundera : un découpage en chapitres, un style étonnement clair, doux, qui rend l’ensemble passionnant à lire. Les nouvelles ont un certain rapport intrinsèque, pas tant dans l’histoire (chaque nouvelle a une histoire propre) que dans les valeurs des personnages, et dans les dénouements des quiproquos, malentendus, haine, violence plus ou moins contenue, les regards, la tristesse, et, ce qui ressort, une sorte de décrépitude, un pourrissement de l’homme, de ses valeurs profondes ; tout ceci sur un fond d’espoir. Pas un espoir chez le lecteur (on finit la plupart des nouvelles navré, attristé, choqué, bouleversé), mais chez certains personnages. Un livre à lire, sans hésitation, et ce pour tous.